Lorsque la voiture est repoussée hors des villes, lorsque les parkings ont reçu un juste dimensionnement, des espaces se libèrent. Qu’en faire ?
Dès avant les mesures migratoires, il faut penser à la reconversion. Ces aménagements futurs ouvrent la porte à des changements économiques, sociaux, environnementaux, durables, sanitaires, … avec en ligne de mire l’amélioration de la qualité de vie.
Un environnement qualitatif offre la possibilité de ramener en ville ceux qui la fuyaient. Concentration des personnes, concentration des besoins et de leur satisfaction. Rappelez-vous, ceux qui vivent en ville se passent aisément d’une voiture.
Quelles solutions pour participer à cette qualité de vie ?
Reconvertir du parking aérien
Premier réflexe : végétaliser encore et encore
Remplacer les surfaces minéralisées par des zones vertes (plantes) et bleues (eau) est une des démarches fondamentales pour changer le visuel des villes, travailler sur l’écologique, participer à la gestion des eaux pluviales et lutter contre les îlots de chaleur. Un des objectifs est, à terme, de créer une trame avec des couloirs de liaison pour favoriser la diversité et la mobilité des espèces tant animales que végétales.
Les espaces ainsi valorisés contribuent à la dépollution, à la socialisation, à la convivialité, … Ces lieux privilégiés sont appropriés pour le bien-être, la détente, le jeu, le sport, le loisir mais aussi pour des événements culturels, des activités expérimentales, ...
Composés d’espaces ouverts comme des pelouses, ils invitent au repos ou au pique-nique. Les allées seront prévues pour les personnes à mobilité réduites. L’une ou l’autre esplanade sera prête pour des activités de groupe. Des zones plus fermées proposeront un cheminement réflexif ou un parcours santé à l’ombre des arbres, loin du bruit et de la pollution.
De véritables oasis urbaines apparaissent.
Optimiser la mobilité douce
L’éviction de la voiture ne supprime pas la nécessité de se déplacer, d’où l’intérêt de favoriser la mobilité douce : zones piétonnes, pistes cyclables, sites propres pour les transports en commun, autres transports alternatifs.
Jouer la promotion immobilière
Organiser et concentrer le parking (résiduel) en souterrain libère de la place en surface. Les promoteurs, poussés ou non par le politique, ont un rôle à jouer. A l’exemple de Tusla, de nouveaux immeubles sont construits sur les zones désaffectées avec obligatoirement des parkings publics et privés. Une stratégie payante : l’intérêt économique pour la ville est indéniable. Tout ce petit monde paie taxes et impôts, une ressource financière appréciable pour l’entretien et le développement durable de la ville.
L’offre de logements augmente en parallèle avec celle des services et commodités : commerces, sport & culture, bureaux, …
Reconvertir du parking souterrain
Quand les parkings excédentaires sont sous terre, d’autres pistes s’ouvrent à leur requalification.
Ils ont pour atouts d’être flexibles et modulaires.
Agriculture urbaine
Même si ces projets semblent décalés, des start-up (Cycloponics, Wesh Grow, …) ont relevé le défi. La faible luminosité, voire l’absence de lumière, la constance de la température sont des paramètres idéaux pour la culture de champignons, de chicons, … Avec un peu plus de lumière, c’est la spiruline, les herbes aromatiques ou des légumes qui sont cultivés dans ces fermes urbaines.
La vidéo des solutions | Avec @Cycloponics, un parking souterrain désaffecté devient une ferme urbaine #bio https://t.co/qIsbA8EL3N pic.twitter.com/3x3wkiSo4s
— Novethic (@Novethic) September 20, 2018
Plateforme logistique
Le parking peut devenir un centre logistique pour le stockage des colis en vue d’une distribution ou d’un enlèvement de proximité. Appel sera fait aux triporteurs pour les derniers kilomètres. Et pourquoi pas aux drones dans un futur proche ? Cette solution est l’une de celles imaginées par des étudiants de l’Ecole de design Nantes Atlantique dans le cadre d’un exercice du master Ville durable.
Parking & co
Les modes de transport alternatifs ont aussi besoin de zones de stationnement. L’encombrement d’un vélo ou d’une trottinette est moindre que celui d’une voiture, la densité du stockage augmente. Enterrer ces parkings partagés, c’est encore mieux pour libérer la ville. De plus, le parcage ne pourrait-il aller de pair avec des zones de recharge et, ponctuellement, avec un atelier de réparation ?
Les idées ne manquent pas chez les concepteurs. En vrac, en voici quelques supplémentaires d’une grande variété : réservoir à eau de pluie, piscine olympique, data center (dont la chaleur est récupérée pour l’immeuble), chambre froide, musée, centre de gaming et de réalité virtuelle, …
Un exemple de reconversion un peu différent mais tout aussi séduisant
Ce n’est pas un parking mais la toiture de son bâtiment qui, dès 1923, avait été astucieusement utilisée par le constructeur automobile FIAT comme piste d’essai très privée. Nous sommes à Turin, sur le site industriel mythique du Lingotto.
Dans les années 1920, Fiat disposait des circuits automobiles sur le toit de ses usines pour tester les véhicules 💡 pic.twitter.com/2n3FWGNDRR
— Creapills 💊 (@creapills) September 11, 2019
Il faut dire que la volumétrie de l’immeuble moderniste s’y prête. Il se compose de deux éléments parallèles de 500 m de longueur sur de 5 étages, reliés par des traverses de communication formant de vastes cours intérieures. Aux deux extrémités, il est équipé de rampes hélicoïdales qui permettent aux véhicules d’accéder directement au toit. La piste d’1 km de longueur se compose de 2 lignes droites de 400 m reliées par 2 virages paraboliques.
En 1982, la production s’arrête et l’industriel s’interroge sur la reconversion de l’immeuble pour éviter qu’il ne soit démoli ou se transforme en chancre. En 1985, l’architecte italien Renzo Piano est chargé du projet qui, tout en conservant la structure, redistribue complètement les fonctionnalités intérieures qui seront évolutives selon les besoins et les tendances : bureaux, logements, hôtels, expositions, événementiel, ... Il ajoutera une structure sphérique toute vitrée en surplomb de la piste au niveau de la tour de contrôle. Le site rouvre en 1994. En 2019, le bâtiment est revendu à Reply, une société de service numérique dont il accueille le siège social en parallèle à son activité de centre de congrès multifonctionnel.
En 2021, une nouvelle intervention agrémente la piste d’un immense jardin. Sur une surface de 2,7 ha, prennent places 28 ilots de verdure, 45 000 plantes, plus de 100 espèces différentes. Le concept paysager, La Pista 500, est développé par l’architecte turinois Benedetto Camerana et s’inscrit dans la philosophie de Renzo Piano d'incorporer la nature à l’intérieur du béton armé.
benedetto camerana plants europe's biggest roof garden atop an old fiat factory in turinhttps://t.co/2vf1BGo4lR pic.twitter.com/dwGZI2NiMx
— designboom (@designboom) June 23, 2022
La piste reste opérationnelle, espace scénique dorénavant consacré aux véhicules électriques, aux scooters et aux vélos. Le public, lui, y trouve un espace de détente, de loisirs tout en profitant du panorama sur la ville et des Alpes en toile de fond. Ici aussi, les espèces, un mélange de fleurs et de plantes herbacées vivaces, ont été soigneusement sélectionnées pour ne demander qu’un minimum d’entretien et d’eau.
La pollution des gaz d’échappement a cédé la place aux senteurs d’un toit jardin convivial et coloré.
Lire aussi :
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Sources :
- « 10 idées pour requalifier les parkings en ville », 12/09/2019, www.theagilityeffect.com
- « Les parkings souterrains, une mine d’or urbanistique », 20/08/2021, urbanattitude.fr
- « Lingotto », fr.wikipedia.org
- « La piste légendaire de Fiat transformée en immense jardin suspendu », AFP, 22/09/2021, www.rtbf.be
- « Benedetto Camerana plants europe's biggest roof garden atop an old FIAT factory in Turin »,lynne myers, 23/06/2022, www.designboom.com
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