Alors qu’autrefois il fallait garder les chevaux, aujourd’hui ce sont les voitures qu’il faut garer.
La place qui leur est dévolue est sans commune mesure avec celle des véhicules hippomobiles. La surface dédiée est telle qu’elle en devient aliénante par rapport à l’occupation des sols.
En remplaçant visuellement une voiture par un humain, cette publicité de 2003 souligne l’importance de l’espace qu’elle consomme.
Saturn released a commercial in 2003 that ironically highlighted the inefficiency of cars and how much space they occupy. pic.twitter.com/YVmHZpvi6Y
— Historic Vids (@historyinmemes) November 15, 2023
Les années 60 ont vu la voiture se démocratiser. Elle devient un moyen de transport accessible et privilégié. Le nombre de véhicules explose. Les aménagements urbanistiques de l’époque sont pensés en conséquence : faciliter la circulation et permettre aux usagers d’accéder jusqu’au cœur des villes qu’elle finit par envahir.
Pollution, danger, encombrement, … sont mis dans la balance avec le dynamisme commercial des centres villes. L’attractivité et la multiplication des zones commerciales périphériques poussent à la désertification des centres. Aux deux plateaux de la balance correspondent deux visions antagonistes : tolérer – refuser
Tolérer
Tolérer, c’est accepter les nuisances mais trouver des compromis pour en atténuer l’impact. Le problème du parking vient de suite à l’esprit avec sa consommation abusive de surface au sol. La solution ? Concentrer le parcage des voitures sur des surfaces réduites ce qui signifie non seulement travailler en hauteur mais aussi optimiser le mode de « rangement ».
Deux options se présentent.
- La gestion du véhicule est prise en charge et automatisée.
- Le conducteur reste au volant et conserve la gestion du parcage.
Option 1 : la gestion du véhicule est prise en charge et automatisée
Automatiser le parcage en hauteur, en aérien ou en souterrain, est la solution la plus respectueuse de l’occupation au sol.
Un exemple typique ? Le parcoville, un modèle exploité en France et en Belgique de 1989 à 2015. Il s’agit d’un silo enterré surmonté d’un kiosque. L’usager y amène son véhicule qui est pris en charge par un automate. Un ascenseur central dessert des places en étoile dans lesquelles sont glissées les voitures. Le système est rapide et sécurisé car l’accès aux véhicules est impossible. Le logiciel vérifie d’ailleurs l’absence de personne avant de lancer la procédure de parking.
L’initiative était futuriste pour l'époque mais s’est heurtée à quelques freins qui ont eu raison d’elle :
- des frais de maintenance élevés qui se répercutent sur le prix du stationnement, plus cher qu’un parking souterrain classique.
- des pannes qui sabotent la confiance des utilisateurs.
En Belgique, c’est à Charleroi (photo ci-dessus - crédit Jmh2o - 2011) que l’expérience a été tentée. En 1990, six parcovilles ont été installés, neuf ans plus tard, ils étaient tous hors service pour être définitivement fermés en 2013 après une dernière tentative de relance.
D’autres versions de parking automatisés rencontrent plus de succès et sont considérées comme des « smart parking ». En 2019, Maxime Delmas (Creapills) a présenté dans un article quelques solutions optimisées : aux USA, le système de distributeur imaginé par Smart Parking et AVG, une plateforme robotique pensée par ParkPlus, les parkings inclinés à Chongqing (Chine) ou encore ECO Park de Giken Ltd (Japon) très similaire aux parcovilles.
Un dernier exemple à Hangzhou (Chine), avec Future Car Park, ces tours à la forme organique capables de stocker 500 voitures, un projet du Daniel Statham Studio.
Future Car Park, designed by Daniel Statham Studio in Hangzhou, China, is a vertical parking complex that combines automated parking technology with green public spaces, with a capacity of 500 parking spaces for electric and non-electric vehicles.
— ParametricArchitecture (@parametricarch) August 8, 2023
Future Car Park is made up of… pic.twitter.com/GYPJgatvjT
Option 2 : le conducteur reste au volant et conserve la gestion du parcage
Laisser la main au conducteur nécessite des rampes d’accès et des zones de circulation. Même si elle est un peu plus goulue en surface, c’est encore aujourd’hui la solution la plus fréquemment rencontrée. Toutefois lorsqu’ils sont aériens, ces bâtiments de parking se distinguent trop souvent par la laideur de leurs façades. Le moindre coût de construction est le seul facteur prépondérant. C’est pourquoi les architectes et les promoteurs ont été priés d’en améliorer l’impact visuel à moins de voir leur demande de permis recalée. La démarche porte ses fruits. Les revues d’architecture en ligne présentent dorénavant des projets dans lesquels une attention particulière a été apportée à l’esthétique.
Miami accueille le projet Museum Garage, un parking de 800 places dont Le rez-de-chaussée commercial se complète d’espaces publics consacrés à la culture et aux loisirs (bibliothèque, jardin, aire de jeux, ...). Cinq studios internationaux d’architecture ont travaillé, ensemble mais séparément, pour la création de sa façade. Chacun d’entre eux a eu carte blanche pour concevoir une image sans info sur celle des autres. Elles se sont pourtant assemblées en un audacieux mélange éclectique artistiquement harmonieux.
Miami parking facility Museum Garage combines several exterior designs https://t.co/dyvGoj7a3V pic.twitter.com/UXEtEbOyEM
— Dezeen (@dezeen) July 5, 2018
A Copenhague, un parking prévu pour 430 véhicules se veut la mémoire d’un passé révolu.
Il est implanté dans un espace portuaire où historiquement le bois était entreposé et manipulé pour être expédié. Sa façade se compose d’un cadre en aluminium recyclé sur lequel viennent s’accrocher des plaques perforées, semblables à des pixels. Leur décrochage sur le plan vertical donne du relief à l’effet de pixélisation. Dans une profondeur sculpturale, l’image induite évoque les piles de bois dans les scieries. Ici aussi, le bâtiment sera multifonctionnel avec de futurs commerces et des lieux de rencontre soutenus par un aménagement extérieur végétalisé.
#Infrastructure #Transportation Timber House Parking / Vilhelm Lauritzen Architects https://t.co/d7fiZrfPVA pic.twitter.com/Aqa4QUuePE
— ARCHIPLAIN (@archiplain) June 4, 2024
A Rennes (France), les architectes de l’Atelier O-S ont apporté un soin tout particulier au visuel du bâtiment. Ils le considèrent comme un « catalyseur urbain » pour le quartier grâce une conception envisagée comme évolutive (du parking au bureau ou au logement). L'immeuble se distingue par son imposante colonnade en béton clair combinée à une façade dynamique, rythmée par des lames de verre plat. Le tout se complète d’un volume dédié aux rampes d’accès élégamment revêtu de baguettes d’aluminium anodisé.
Sculptural concrete columns support the Cesson-Viasilva Park and Ride and Bus Station in Rennes, which was designed by French studio Ateliers O-S Architectes to "update the image of a car park in the outer suburbs."https://t.co/i1dkoECM0X
— Dezeen (@dezeen) September 2, 2024
A suivre → Mobilité – Place au Roi ! Place au Piéton !
Sources :
- « Exploring the History and Future of Parking Garage Designs », Kaley Overstreet, 13/03/2023, www.archdaily.com
- « How Can Cities Cool down Large Urban Car Parks ? », Paul Yakubu, 23/02/2024, www.archdaily.com
- « Parcoville », fr.wikipedia.org
- « Parcovilles de Charleroi, une tentative futuriste en mode faillite », 10/03/2024, belgiqueinsolite.com
- « 6 parkings innovants qui redoublent de créativité pour optimiser l’espace », Maxime Delmas, 08/04/2019, creapills.com
- « Miami parking facility Museum Garage combines several exterior designs », Bridget Cogley, 05/07/2018, www.dezeen.com
- « Timber House Parking / Vilhelm Lauritzen Architects », Paula Pintos, 04/06/2024, www.archdaily.com
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- introduction utilisée à titre d’illustration : pixabay.com (CC0 Public Domain - Libre pour usage commercial - Pas d'attribution requise)
- « Charleroi - Parcoville en fin de vie – 2011 », Jmh2o (travail personnel), 19/01/2011, Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International, commons.wikimedia.org
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